Le système éducatif Haïtien

Le système éducatif haïtien comprend les secteurs formel et non formel. Le secteur non formel s’occupe de l’alphabétisation et la post-alphabétisation des adultes âgés de 15 ans et plus.

Quant au secteur formel, en plus de la formation technique et professionnelle, il s’organise selon quatre grands niveaux :
  • l’éducation préscolaire ;
  • l’enseignement fondamental ;
  • l’enseignement secondaire ; 
  • l’enseignement supérieur.
La formation technique et professionnelle, d’une durée variable selon les filières, prépare à l’emploi dans divers domaines ou à la poursuite d’études supérieures. Elle est dispensée selon deux réseaux :
  • le réseau formel à travers les centres ou établissements de formation professionnelle ;
  • le réseau informel à travers le «système d’apprentis».
Le réseau formel comporte près de 400 centres regroupés en cinq catégories d’établissements auxquels l’étudiant accède selon le nombre d’années de scolarité accomplies. Ce sont :
  1. les établissements d’éducation technique (EET), à partir d’au moins neuf années d’études ;
  2. les établissements d’éducation professionnelle (EEP) à partir de sept ans de scolarité pour recevoir principalement une formation pratique ;
  3. les établissements de formation agricole (EFA) exigeant au moins dix années d’études préalables pour devenir technicien agricole ;
  4. les centres ménagers (CM) à partir de sept années de scolarité ; 
  5. les centres de formation professionnelle (CFP), requérant le niveau d’alphabétisation de base pour devenir ouvrier semi-qualifié.

Ces cinq catégories d’établissements relèvent principalement de quatre ministères (MENFP, MAST, MARNDR et MTPTC) qui, à eux seuls, gèrent directement 309 centres de formation professionnelle.

MAST : Ministère des Affaires Sociales et du Travail ; MARNDR : Ministère de l’Agriculture, des Ressources Naturelles et du Développement Rural ; MENFP :  Ministère de l'Éducation Nationale et de la Formation Professionnelle.

Selon leurs sources de financement, ces centres de formation sont soit publics, soit mixtes (quand une partie des salaires est couverte par des subventions publiques), soit privés. Contrairement aux formations de courte durée, offertes dans le cadre des projets, celle dispensée dans les centres, généralement conçue selon un cadre scolaire, est plus souvent inapte à prendre en compte les besoins des travailleurs et du marché du travail.

La gestion de l’alphabétisation des adultes est confiée à une Secrétairerie d’Etat à l’Alphabétisation (une structure autonome) et celle de la formation technique et professionnelle est assurée par une structure déconcentrée du MENFP, l’Institut National de Formation Professionnelle (INFP). Toutefois, il convient de signaler que certains ministères sectoriels (MAST, MTPTC, MARNDR, etc.) offrent, dans leurs champs de compétences, des services de formation professionnelle diplômante en dehors de tout contrôle du MENFP.


Analyse-diagnostic du système éducatif

Le système éducatif, depuis plus de deux décennies, fait face à des problèmes tant sur le plan de l’offre (accès et participation), de l’efficacité interne, de la qualité et de l’efficacité externe que de la gouvernance. Ces problèmes se sont aggravés avec le séisme du 12 janvier 2010 qui a été très dévastateur pour l’ensemble du secteur de l’éducation.

Au plan de l’offre

Les problèmes chroniques auxquels est confronté le système éducatif constituent une entrave majeure au développement de l’accès à des services éducatifs. A tous les niveaux du système (du préscolaire au supérieur), eu égard à l’ampleur de la demande sociale, l’offre est largement insuffisante et inégalement repartie. Selon le dernier recensement scolaire (2002-2003)4, dans aucun des sous-secteurs les taux nets de scolarisation n’atteignent pas plus que 76%. Le taux élevé aux deux premiers cycles du fondamental s’explique par les multiples redoublements, le surpeuplement des classes et l’importance du nombre (72% des effectifs soit 1 500 000 enfants) de surâgés5 ddans ce niveau d’enseignement.

Avec moins de 9000 étudiants pour 100 000 habitants en formation professionnelle sur l’ensemble du territoire national, la situation de l’offre n’est pas différente dans le sous-secteurs de la formation professionnelle.

Pour le sous-secteur de la formation professionnelle où avant le séisme plus de 2/3 des 115 centres professionnels supervisés par l’INFP se retrouvaient dans le département de l’Ouest, plus précisément dans la Capitale et ses environs. Certains départements géographiques tels les Nippes, le Nord-Ouest, le Centre, la Grande-Anse et le Sud-est restent particulièrement mal lotis .

Au plan de l’efficacité externe

Le problème de l’efficacité externe est tout aussi criant. Alors que le profil et les compétences des jeunes ne répondent pas aux attentes du marché du travail, les professionnels et les entrepreneurs ne sont pas associés au développement et à la mise en œuvre des programmes de formation professionnelle.

L’impact de l’éducation, dont les programmes ne correspondent pas aux réalités socioéconomiques nationales, est très faible sur l’insertion des jeunes au marché du travail. De fait, la majorité des jeunes, plus particulièrement ceux de 15-19 ans (61.9%) et de 20-24 ans (50%), sont exposés au chômage.

Pour permettre au secteur de l’éducation de répondre valablement aux différentes attentes, le Gouvernement, dans le cadre de la refondation sociale, s’engage à :
  1. développer le secteur de la formation professionnelle à partir d’une augmentation conséquente de l’investissement public en vue d’assurer une meilleure assise au processus de développement ; 
  2. développer une éducation accessible tout au long de la vie (éducation des adultes) pour répondre aux besoins de participation, de renouvellement professionnel et d’insertion socioéconomique des individus.
La modernisation du système se cristallisera dans les orientations-clés suivantes :

  • Une redynamisation de la formation professionnelle selon les principes de partenariat, de participation, de responsabilité, d’efficacité et d’équité ; 
  • Un corps enseignant professionnel et qualifié disposant d’une réelle structure de carrière et d’institutions de formation qui répondent aux normes contemporaines de qualification ; 
  • Une redynamisation de la formation professionnelle selon les principes de partenariat, de participation, de responsabilité, d’efficacité et d’équité ;

Le Plan d'Opération 2010 - 2015 pour la formation professsionnelle en Haïti

La réforme du sous-secteur de la formation technique et professionnelle (FTP), envisagée depuis 1989, pour le rendre plus pertinent et plus efficace, n’a pas eu de suite pour diverses raisons.

En 1997-1998, plus de 7 ans après ces premières tentatives de réforme, le Plan national d’éducation et de formation (PNEF) a fait de la formation professionnelle sa seconde priorité et a engagé une démarche de réforme qui, malheureusement, est restée en plan. Cette situation va accentuer l’état d’immobilisme et d’attentisme qui prévalait auparavant dans le secteur, accélérer la dégradation des établissements publics et provoquer l’érosion du personnel quand les centres ne sont pas tout simplement livrés à l’abandon par suite de découragement face à des propositions qui ont soulevé l’enthousiasme, mais ne se sont pas concrétisées. Les membres du patronat ayant perdu toute confiance dans le système actuel de formation professionnelle ont cherché eux-mêmes les solutions à leurs problèmes de main-d’œuvre, soit en recourant à la main-d’œuvre d’expatriés, soit en organisant à l’interne des programmes de formation, jusqu’à la création de centres privés de formation avec ou sans appui externe. Cet état de fait met en évidence les graves problèmes de gouvernance que connaît le sous-secteur et qui, couplés aux faiblesses d’accès et d’efficacité externe signalées précédemment, entravent son développement.

Le sous-secteur se caractérise comme un ensemble disparate où l’offre de formation est éclatée entre plusieurs ministères sectoriels sans normes communes et sans orientations d’ensemble. Ce qui implique une duplication des programmes de formation qui alimente la confusion et la méfiance à l’égard du sous-secteur. Tout ceci résulte d’un déficit du cadre légal de gouvernance accentué par l’inexistence de mécanismes de concertation entre l’État et les partenaires sociaux et économiques. A toutes ces insuffisances s’ajoute le manque de financement chronique auquel est confronté le sous-secteur. Les ressources du trésor public qui y sont allouées ne couvrent pour l’essentiel que les salaires, ce qui entraîne une dépendance excessive du sous-secteur à l’égard des fonds externes pour assurer les investissements nécessaires.

Cette situation n’est pas sans conséquences majeures sur la qualité de l’offre. Les formateurs, généralement sans expérience de travail dans leur domaine d’enseignement, sont majoritairement sous-qualifiés au plan technique et n’ont pas reçu de formation pédagogique ; faute, entre autres, d’institutions œuvrant à cet effet. Les locaux ou centres de formation sont vétustes, les ateliers sous-équipés et en mauvais état, sont souvent obsolètes. La matière d’œuvre faisant souvent défaut, la pratique - essentielle pour l’acquisition de la compétence - est éliminée de la formation, alors que les contenus de cours sont inadéquats et inappropriés aux besoins du marché. Dans le système de formation sur le tas (cas des apprentis dans le réseau informel), la transmission est limitée aux capacités techniques du « boss formateur » ou de l’employeur qui souvent n’a pas reçu la formation technique pour le domaine. Dans les deux cas (boss ou employeur), la formation pédagogique fait défaut.

Dans ce contexte d’effondrement continu du système national de formation professionnelle, quelques-uns des centres publics ont réussi à se maintenir au prix d’une autonomie financière conquise anarchiquement et qui désarticule les mécanismes de contrôle et de régulation assurés par l’INFP. La persistance de l’indécision par rapport aux problèmes multiples et sérieux du sous- secteur n’a fait qu’empirer la situation déjà précaire des centres publics et non publics que le séisme du 12 janvier viendra littéralement achever.

Pour procéder à la refondation du système, la restructuration en profondeur du sous-secteur de la formation professionnelle s’impose comme une nécessité première et un facteur incontournable au développement du pays. A cet effet, le MENFP entend adopter des mesures stratégiques visant une réorganisation considérable et soutenue de ce sous-secteur en ciblant prioritairement le renforcement effectif de la gouvernance, l’expansion équitable d’une offre de formation pertinente et de qualité. Pour ce, un nouveau mécanisme et une nouvelle structure de pilotage seront mis en place, sous le leadership du MENFP, pour optimiser la répartition de l’offre de formation professionnelle dans le pays et assurer une meilleure coordination des interventions des divers acteurs dans le sous-secteur. Les programmes de formation subiront, avec l’implication du secteur des affaires, des modifications substantielles et, prenant en compte les réalités régionales, seront orientés vers les secteurs identifiés comme porteurs pour l’économie nationale (agriculture, construction, élevage, tourisme, habillement, etc.).

Outre le fait que l’offre de formation s’adressera également aux sortants du cycle fondamental et aux jeunes non scolarisés ou partiellement scolarisés, des passerelles seront aussi envisagées entre l’enseignement secondaire et le système de FTP en vue d’assurer le passage d’élèves du secondaire au professionnel et vice-versa. Dans un souci de valorisation des métiers et de faciliter leur intégration sur le marché de l’emploi, il est aussi prévu de mettre en place, de concert avec le patronat et les autres acteurs concernés, un dispositif de certification 47 basé sur les exigences/aptitudes du métier, au profit de toutes les catégories de professionnels et apprentis ou travailleurs des secteurs non formel et informel. Aussi, est-il envisagé d’institutionnaliser les activités à but lucratif dans les centres publics pour régulariser et assurer une meilleure gestion financière du sous-secteur. 

La mise en œuvre du Plan Opérationnel entre 2011 et 2015 nécessitera environ 4.3 milliards de dollars  U.S.  Les  dépenses  courantes  représenteront  68  %  contre  32  %  pour  les  dépenses  d’investissement.  Les  crédits  par  axe  d’intervention  avoisinent  les  montants  suivants  pour  ces cinq  ans :  éducation  préscolaire  (  301  millions) ;  fondamental  1  et  2  (  1milliard  927  millions  ) ; fondamental  3  (  349  millions) ;  secondaire  (  287  millions) ;formation  technique  et professionnelle(201  millions) ;formation  initiale  et  continue  des  agents  éducatifs  (43  millions) ; santé‐nutrition(535  millions) ;  alphabétisation  et  post‐alphabétisation  (86  millions) ; Gouvernance (42 millions) ; enseignement supérieur 501 millions).


Objectif 1 : Instituer un dispositif de gouvernance de la formation professionnelle et un cadre de gestion intégrée visant le développement économique et social du pays en impliquant les acteurs sociaux et économiques.

Résultats attendus :
  • Le développement de la formation professionnelle se fonde sur un nouveau cadre d’orientation stratégique;
  • Le MENFP assure le leadership et la coordination du sous-secteur de la formation professionnelle avec efficacité ;
  • L’offre de formation professionnelle répond aux besoins du marché.
Indicateurs de résultats :
  • Un document cadre définissant les orientations stratégiques de la formation professionnelle est disponible avant la fin de 2012 ;
  • 100% des diplômes ou certificats émis dans le secteur de la formation professionnelle sont délivrés par le MENFP dès 2011 ;
  • De nouvelles structures de pilotage du sous-secteur sont fonctionnelles d’ici à la fin de 2012 ;
  • Les entreprises participent à la définition et à l’organisation des programmes de formation professionnelle ;
  • 100% des entreprises nationales recrutent de nouveaux sortants de la formation technique et professionnelle.
Afin d’obtenir les résultats escomptés, il faudra sur la période développer les activités inscrites dans le tableau suivant.


Objectif 2: Augmenter rationnellement et équitablement l’offre de formation professionnelle.

Résultat attendu : 
  • Le sous secteur de la formation professionnelle connaît un important développement tant quantitatif que qualitatif à l’échelle nationale.
Indicateurs de résultats :
  • Le nombre d’étudiants en formation technique et professionnelle augmente de plus de 70 000 d’ici à 2015 ;
  • 100% des départements géographiques du pays disposent au moins d’un grand centre public de référence pour la formation technique et professionnelle équipé d'ici la fin de 2015, ainsi que d’un observatoire de l’emploi ;
  • 100% des formateurs maîtrisent leurs champs d’intervention et utilisent l’approche par compétence.
L’atteinte des objectifs d’accroissement équitable de l’offre de formation technique et
professionnelle nécessite la réalisation des actives du tableau ci-dessous. 



Objectif 3 : Accroître le niveau financement du sous secteur de la formation technique et professionnelle.

Résultat attendu :
  • Le sous-secteur de la formation technique et professionnelle dispose d’assez de ressources financières pour assurer son développement.
Indicateurs de résultats :
  • Plusieurs sources alimentent financièrement le sous-secteur de la formation technique et professionnelle ;
  • Le budget global du sous-secteur de la formation professionnelle a plus que quintuplé d’ici à la fin de 2015.
Pour atteindre l’objectif poursuivi, il faudra au cours des cinq prochaines années réaliser les
différentes activités mentionnées dans le tableau suivant.


Objectif 4 : Améliorer la gouvernance et le pilotage du sous-secteur de la formation professionnelle.

Résultat attendu : 
  • La réingénierie du sous-secteur de la formation professionnelle est complètement réalisée ;
Indicateur de résultat :
  • Un nouveau cadre d’organisation du secteur de la formation professionnelle est élaboré et validé d’ici la fin de 2013.
Sur les cinq prochaines années, il est nécessaire de réaliser les activités inscrites dans le table au ci-dessous pour parvenir à l’amélioration du sous-secteur de la formation professionnelle.


Plan des dépenses

En 2010, US$ 4.5 millions devaient permettre d’appuyer la formation de l’équivalent de 8 641 jeunes au coût unitaire annuel de US$ 525 par étudiant. Il est prévu de multiplier par 7 au moins le nombre d’étudiants dans le programme de formation technique et professionnelle en vue accroître le nombre de personnes qualifiées nécessaires aux besoins de croissance économique du pays. L’effort vise aussi à accueillir à partir de 2014 environ 30% des sortants du programme accéléré de trois ans pour les sur-âgés-actuellement en dehors du système—dont la scolarité aura été prise en charge.

Ces dépenses totalisent sur les cinq années du Plan US$ 128 et 77 millions respectivement pour les dépenses de fonctionnement et d’investissement, soit au total US$ 204 millions. Les dépenses d’investissement sont estimées à 60% des dépenses courantes annuelles. Le tableau 3.17 montre l’évolution des dépenses annuelles qui seront nécessaires pour cet axe d’intervention.



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